Biographie

Maria Casarès est une actrice française d'origine espagnole, née le à La Corogne (Galice, Espagne) et morte le à Alloue (Charente).

Elle est une des grandes tragédiennes du théâtre français de 1942 à 1996, également actrice pour le cinéma et la télévision : elle est apparue dans de nombreux classiques du cinéma — dont Les Enfants du paradis et Les Dames du bois de Boulogne —, notamment dans les années 1940 et 1950.

Enfance et études

María Victoria Casares Pérez naît le à La Corogne à la pointe nord-ouest de l'Espagne. Elle est la fille de Santiago Casares Quiroga, né à La Corogne en 1884 et mort à Paris en 1950, avocat de profession mais littéraire dans l'âme, Président du Conseil de la Seconde République espagnole, contraint de démissionner le lorsqu'éclate l'insurrection militaire. Sa mère est Gloria Pérez Casarès, morte à Paris en 1946.

Maria n'est pas une enfant désirée et déclare bien plus tard avec humour : « Quand mes parents m'ont eue, ce fut par distraction ou par maladresse. » Elle a une demi-sœur, Esther Casarès, née d'une première union de son père. Elle étudie au collège de La Corogne.

En 1931, la famille s'installe à Madrid. Dans sa nouvelle école, l'Instituto-Escuela, connue pour être l'une des plus modernes d'Europe, elle commence à chanter dans le théâtre.

Au début de la guerre d'Espagne, la famille fuit l'Espagne pour Paris le , la veille de l'anniversaire de Maria. Le père de Maria est francophone. Ils vivent à l'hôtel Paris–New York (aujourd'hui disparu), rue de Vaugirard. Elle étudie à l'école secondaire Victor-Duruy, où elle apprend le français. Elle rencontre l'acteur espagnol Pierre Alcover et son épouse Colonna Romano, membre de la Comédie-Française. Il aide la famille Casares et pousse Maria à faire du théâtre.

Elle échoue une première fois à intégrer le Conservatoire national de musique et d'art dramatique en raison de son accent trop prononcé.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, son père part pour l'Angleterre ; elle et sa mère se rendent dans les Landes avant de revenir à Paris dans un appartement au coin de l'impasse de l'Enfant-Jésus et de la rue de Vaugirard. À force de travail, elle réitère et intègre le prestigieux établissement, jouant Hermione et Eriphile, après avoir fréquenté le cours Simon, mais échoue aux épreuves du deuxième baccalauréat. Elle a pour professeur Béatrix Dussane et se lie avec Alice Sapritch. Elle en sort avec un premier accessit de tragédie et un second prix de comédie.

Elle est remarquée par Jean Marchat et Marcel Herrand qui montent pour elle de 1942 à 1944 Deirdre des douleurs de John M. Synge, Le Voyage de Thésée de Georges Neveux, Solness le constructeur d'Henrik Ibsen et Le Malentendu d’Albert Camus.

Carrière théâtrale et cinématographique

Maria Casarès obtient son premier rôle en 1942 et au cours des cinq décennies suivantes, jusqu'à l'année de sa mort, joue dans plus de 120 pièces, aussi bien des classiques que des œuvres contemporaines. André Barsacq lui fait jouer Roméo et Jeannette de Jean Anouilh avec, pour la première fois, Jean Vilar au théâtre de l'Atelier en 1946. De 1952 à 1954, elle est engagée comme pensionnaire de la Comédie-Française, où elle joue notamment dans des mises en scène de Julien Bertheau, Jean Meyer (créations) ou encore Jacques Copeau (reprise). Elle intègre ensuite le TNP de Jean Vilar (1954-1959), et devient ainsi l'une des premières comédiennes à donner au Festival d'Avignon ses lettres de noblesse. Elle participe à certaines créations du théâtre contemporain comme Les Paravents de Jean Genet, en 1966, ou Quai Ouest, de Koltès, en 1986.

Elle reste très proche de l'Espagne républicaine, en compagnie de Juliette Gréco et d'Albert Camus; et demeure très active au sein du Casal de Catalunya de Paris.

La quasi-totalité de sa filmographie est constituée de films français. Certains vont jusqu'à la qualifier de « monstre sacré », expression habituellement réservée à des acteurs ayant une plus grande notoriété que la sienne. Plus objectivement, les cinéphiles s'accordent en général à retenir en priorité les quatre rôles marquants tenus dans les années 1940 : Les Enfants du paradis, Les Dames du bois de Boulogne, La Chartreuse de Parme et Orphée. Elle déclare pourtant préférer le théâtre au cinéma :

« Spectatrice pourtant passionnée et émerveillée devant les acteurs de cinéma qui ont su créer à travers leurs films des figures presque mythiques, peut-être parce que je porte en moi une autre forme de narcissisme, je n'ai jamais pu de l'autre côté de la caméra m'attacher à une telle quête. »

Vie privée

Maria Casarès rencontre Albert Camus le chez Michel Leiris. Ils nouent une relation amoureuse pendant les répétitions du Malentendu, en 1944, où elle joue Martha. L'écrivain, qui met Maria au contact de la Résistance et des exilés espagnols, est pour la comédienne « père, frère, ami, amant, et fils parfois ». La fin de la guerre, le retour d'Algérie de Francine Faure, l'épouse de Camus depuis le , la naissance des jumeaux Catherine et Jean, les séparent : ils rompent. Elle entretient ensuite une relation avec l'acteur belge Jean Servais puis un certain Jean Bleynie, un homme issu d'une famille de viticulteurs bordelais. Maria Casarès et Albert Camus se retrouvent par hasard en 1948 et entretiennent une liaison secrète passionnée qui ne prend fin qu'avec la mort accidentelle de l'écrivain, en 1960.

Pour Albert Camus, Maria Casarès sera « l’Unique » ; et il restera, par-delà la mort, le seul homme qu’elle ait véritablement aimé. Elle fut peut-être le grand amour de sa vie,,,,.

Après la mort d'Albert Camus, pour tenter de la détourner de son profond chagrin, les amis proches de Maria Casarès — parmi lesquels figure André Schlesser — l'incitent à s'acheter une maison (elle ne possédait rien en France).

Le , Maria Casarès et André Schlesser achètent — une partie chacun — le manoir, les dépendances et les terres de la Vergne, situés sur la commune d'Alloue en Charente.

Elle épouse le cet ami de longue date, André Schlesser, qui meurt à Saint-Paul-de-Vence en 1985.

Le couple a vécu au 6 de la rue Asseline, dans le 14e arrondissement de Paris.

Mort

Après la mort d'André Schlesser, ses enfants Anne et Gilles Schlesser lèguent à Maria Casarès la partie du domaine de La Vergne qu'elle ne possédait pas.

Elle succombe à un cancer le à Alloue en Charente. Elle repose à côté de son mari dans le cimetière de cette commune.

Maria Casarès est considérée comme l'une des plus grandes tragédiennes françaises de la seconde moitié du XXe siècle. Ses prestations au Festival d'Avignon, pour le rôle de Lady Macbeth notamment, restent une référence. Galicienne de naissance et espagnole de nationalité, elle est une des comédiennes de théâtre les plus marquantes des années 1950 et 1960, passant du drame shakespearien à la primesauterie de Marivaux, et d'Albert Camus à Tchekhov.

Claude Jade raconte :

« En 1980, je jouais Junie dans Britannicus. Maria était Agrippine. Elle fut étonnante. D'un bout de la pièce à l'autre, elle était habitée, frémissante. Sa manière de dire les alexandrins tenait de l'incantation. Elle cassait les vers avec une violence contenue qui éclatait comme une coulée de lave brûlante. Elle était en larmes, les yeux étincelants, la bouche tremblante. Elle se donnait corps et âme. Quelle actrice unique ! »

Don à la commune d'Alloue

Pour remercier la France d'avoir été une terre d'asile, Maria Casarès, sans descendance, fait don à la commune d'Alloue du domaine et du logis de La Vergne — qui, désormais, lui appartiennent donc en entier — situés sur la rive droite de la Charente, en amont du village.

En 1999, l'association La Maison du Comédien–Maria-Casarès est créée sous l'impulsion de Lucien Simonneau, alors maire de la commune d'Alloue, pour faire du domaine un centre culturel consacré au théâtre. Jusqu'en 2017, elle est présidée par le comédien François Marthouret. En 2017, l'association change de nom et devient La Maison Maria-Casarès aujourd'hui centre culturel de rencontre et Maison des Illustres.

Cinéma

Actrice

Narratrice

  • 1949 : Guernica court métrage d'Alain Resnais et Robert Hessens
  • 1951 : La Cité des trésors court métrage de Julien Bonardier
  • 1951 : La Vie de Jésus de Marcel Gibaud
  • 1952 : Cœur d'amour épris court métrage de Jean Aurel
  • 1953 : La Tragique Recherche de la perfection: Léonard de Vinci court métrage d'Enrico Fulchignoni
  • 1954 : Le Mystère de la licorne court métrage de Jean-Claude Sée
  • 1954 : Varsovie, quand même court métrage de Yannick Bellon
  • 1955 : Les Jardins du seigneur court métrage de Jean-Claude Huysman
  • 1957 : L'Enfant de Thalassa court métrage d'Édouard Luntz
  • 1958 : De cœur et de pierre court métrage d'Harry Kümel
  • 1958 : " Un charlatan crépusculaire" de Jean Chérasse (en duo avec Gérard Philipe)
  • 1961 : Thamar et Ammon court métrage d'Harry Kumel
  • 1961 : Satan mon prochain court métrage de Francis Lacassin et Raymond Bellour
  • 1963 : Hieronymus Bosch court métrage de François Weyergans
  • 1967 : D'amour et de pierre court métrage de Jean-Marie Isnard
  • 1970 : Les Rencontres de Mérimée court métrage de Jacques de Casembroot

Télévision

Radio

  • 1947 : Pour en finir avec le jugement de Dieu, création radiophonique écrite par Antonin Artaud, dit par le poète lui-même, Maria Casarès, Roger Blin et Paule Thévenin

Décorations

  • Chevalier de la Légion d'honneur
  • Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres

Récompenses

  • 1961 : prix du Brigadier pour Cher Menteur de Jerome Kilty (en), théâtre de l'Athénée
  • 1987 : médaille d'or du mérite des beaux-arts du ministère espagnol de l'Éducation, de la Culture et des Sports
  • 1988 : prix de la meilleure comédienne du Syndicat de la critique pour Hécube d'Euripide
  • 1989 :
    • Nuit des Molières : Molière de la comédienne pour Hécube
    • César 1989 : nomination au César de la meilleure actrice dans un second rôle pour La Lectrice
  • 1990 : grand prix national du théâtre

Dénomination de lieux

Plusieurs établissements portent son nom en France :

  • établissements scolaires :
    • le lycée des métiers Maria-Casarès d'Avignon (Vaucluse),
    • le collège Maria-Casarès de Rillieux-la-Pape (Rhône),
    • l'école élémentaire Maria-Casarès de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ;
  • Centre culturel :
    • le domaine de La Vergne, à Alloue, où elle a vécu porte depuis 2017 le nom : Maison Maria Casarès et a reçu le label Maison des Illustres;
  • théâtres :
    • la grande salle du théâtre national de la Colline,
    • une salle du nouveau théâtre de Montreuil (Seine-Saint-Denis).

Elle a donné son nom à la division Europe de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides.

À Paris, sur le canal Saint-Martin, le pont Maria-Casarès porte son nom depuis 2022 (date anniversaire de sa naissance).

  • Résidente privilégiée, Paris, Fayard, 1980 (ISBN 2-213-00779-9)
  • Albert Camus, Maria Casarès. Correspondance inédite (1944-1959) (préf. Catherine Camus), Paris, Gallimard, coll. « Blanche », , 1312 p. (ISBN 978-2-07-274616-1)

Bibliographie

  • (es) Manuel Rivas, El periodismo es un cuento, Madrid, Alfaguara, , 351 p. (ISBN 978-84-204-7907-1), « La mujer rebelde »
  • Javier Figuero et Marie-Hélène Carbonel, Maria Casarès : L'étrangère, Fayard, 2005
  • Maria Casarès, une actrice de rupture, par Florence M.-Forsythe, Actes Sud, 2013
  • (es) Javier Figuero, La extranjera, CreateSpace Independent Publishing Platform, , 94 p. (ISBN 978-1-5429-9407-1)
  • Florence M.-Forsythe, Tu me vertiges. L'amour interdit de Maria Casarès et Albert Camus, Le Passeur Éditeur, , 256 p. (ISBN 978-2-36890-520-3, lire en ligne)
  • Anne Plantagenet, L'Unique. Maria Casarès, Stock, 2021

Documentaire

  • Élisabeth Kapnist, Maria Casarès et Albert Camus, toi, ma vie, France 5, 2022.

Liens externes

  • Ressources relatives à l'audiovisuel :
    • AllMovie
    • Allociné
    • Filmportal
    • IMDb
    • Korean Movie Database
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    • Les Archives du spectacle
    • Internet Broadway Database
  • Ressources relatives à la musique :
    • Discogs
    • MusicBrainz
  • Ressource relative à plusieurs domaines :
    • Radio France
  • Ressource relative à la recherche :
    • Isidore
  • Maria Casarès a joué sa dernière pièce au théâtre avec Isabelle Carré
  • Théâtre Maria Casarès
  • Maria Casarès à propos d'Albert Camus - Vidéo Ina.fr (22 févr. 1980)
  • Les coulisses d'une passion [YouTube], Entretien avec Florence M.-Forsythe – Auteure de « Tu me vertiges » (Ed. Le Passeur) () TV5MONDE.
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Source : Article Casarès Maria de Wikipédia

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